Le supplément des dames

« Marie-Cécile Massey travaille depuis toujours avec le plastique et la couleur, des objets récupérés au quotidien. Ici les objets sont des panières aux couleurs vives qui rappellent des panières à linge et viennent souligner son attachement à évoquer la condition féminine. Elles sont empilées comme un gros gâteau à la crème chantilly. Une pièce montée à crû et bricolée de matériaux composites.

Dans son atelier, Marie-Cécile Massey surprend Eros pas forcément endormi ; à partir d’un accident, la mousse polyuréthane qui extrude des panières, jailli un phallus qui va organiser le reste de la pièce. Celle ci se compose donc d’une matrice : une machine à sperme, qui produit des satellites : des vierges-fusées en latexMarie-Cécile Massey réactive une représentation matricielle archaïque, elle honore un acte de génération et non pas de procréation, encore moins de commerce érotique. Or, dans la rencontre sexuée quelque chose demeure irreprésentable : c’est là et ça déborde !

Au premier abord la pièce est donc énigmatique tout comme l’est cette inquiétante étrangeté de la jouissance féminine, et, c’est l’amour absolu et mystique qui vient tempérer cette énigme. La Sainte v(i)erge, symbole féminin, phalloïde et matriciel restitue une corporéité à la sculpture, psychédélique et ré-jouissante. La vierge représente peut-être ici l’amour absolu, l’amour mystique, et cette image est mise ici en dialogue avec celle de la ménagère (panière à linge) réconciliée avec la putain (chantilly pornographique).

Si dans le mythe d’Eros et Psyché, Psyché interroge son désir et sa jouissance, Marie-Cécile Massey, elle, nous parle de d’incandescence d’un amour plastique via une jouissance du jeu avec la matière et une création franche, qui jongle autant avec la surproduction d’objets de consommation qu’avec les codes du féminin et du masculin.

Enfin, dans le travail protéiforme que Marie-Cécile Massey entretient avec les matériaux issus de l’industrie pétrochimique et les figures relevant du sacré (série de 15 vierges moulées en plâtre), rajoutons ici l’intention explicitement joyeuse que l’artiste évoque au sujet de ses réalisations. Dans la lignée des surréalistes et la libre association d’idées, elle nous invite à nous amuser de ce feu d’artifice de vierges-capotes. Et, comme Annette Messager par exemple, Marie-Cécile Massey joue avec ses spectateurs, en imaginant une allégorie dont le phallus du mythe d’Eros et Psyché serait le point de départ.  »

Claire Losson

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